Extrait – Massalia – Nouné Karapetyan :
Je suis née à Erevan en 1963 et je suis retournée en France en 1994 parce que mon père était Français. L’histoire de mon père commence par l’arrivée de mes grands-parents en France. Mes grands-parents ont fui le génocide en Arménie puis sont allés en Russie, où ils ont vécu dix ans. Ils ont fui ensuite l’Etat soviétique pour venir s’installer à Marseille. Ils étaient boulangers pâtissiers, ils ont acheté un magasin à Marseille et pendant 18 ans, ils ont tenu le magasin. Mon père a fréquenté une école française. Sa première langue était peut-être le français. A la maison il parlait arménien, il a appris parallèlement les deux langues.
Il est allé jusqu’à l’âge de quinze ans au lycée Saint Charles, jusqu’au moment où ses parents ont décidé de se faire rapatrier en Arménie, sous Staline. Mon père est parti en 1948 en Arménie. J’y suis née en 1963.
Mon père a vécu toutes ses années d’Arménie en gardant comme rêve la ville de Marseille, sa ville natale où il a grandi, où il avait ses amis. Et il avait gardé son français parfait. Il parlait comme un Français, en gardant son accent marseillais. Mon père se retrouvait toujours avec ses anciens amis marseillais. Il avait des copains qui étaient partis en même temps que lui en Arménie. Ils se retrouvaient, ils parlaient français, ils chantaient des chansons françaises. On avait toujours la musique française à la maison.
Et quand je suis retournée à Marseille, j’ai retrouvé une ville que je connaissais. Je connaissais beaucoup de choses de Marseille et comme mon père est décédé en 1992, il n’est pas retourné avec nous. C’était quelque chose, je retrouvais la ville de mon père.
Autres personnages de Massalia :
Maria et Roberto Catella, Catherine Catella, Zohra Aït-Abbas, Kheoudja Thilghilt, Mounira Chatti.
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